Foi chrétienne et messianisme(s) : 1de2

Foi chrétienne et messianisme

_ Qu’est le messianisme par rapport à la foi chrétienne ? La question parallèle relative aux spiritualismes est traitée ici.

_ Dès l’abord, la question du ou des messianismes paraît simple et de nombreux articles en parlent déjà (eecho.fr/?s=Venue+glorieuse ; foi-vivifiante.fr/pages/la-venue-glorieuse-du-christ/), ainsi que des vidéos telles que celles-ci : youtube.com/playlist?list=PLsIIgGqUVov8PYD08Z43PBqzwRWCEddkJ.

_ En résumé, le messianisme est l’une des deux déviations de la foi chrétienne (l’autre étant le spiritualisme), qui tentent les chrétiens à chaque génération et qui se sont constituées en contre-églises depuis la fin du premier siècle, prenant ensuite des formes très diverses. Les définitions philosophiques du terme « messianisme » convergent assez bien entre elles ; il faut dire que ce terme est bâti sur le mot « Messie », et que, d’une manière ou d’une autre, ce type de croyance amène à imaginer qu’on participe au salut du monde c’est-à-dire qu’on se prend effectivement pour des messies. Pour rappel, « messie » signifie celui qui a reçu l’onction royale ; et LE Messie, celui qui est véritablement le Roi et qui mérite de régner sur toute la terre, est Jésus… à la suite de sa Venue dans la gloire.

_ Car auparavant, cela est impossible, il faut d’abord que l’anti-christ et ses partisans aient été jugés : plus que jamais, les leviers de commande de ce monde sont en effet aux mains de gens de ce bord. De plus en plus de personnes dans le monde perçoivent cette situation et l’expriment comme elles peuvent ; on voit ainsi des non chrétiens utiliser des images bibliques .

_ Supposons maintenant que des chrétiens, disons en Occident, n’attendent plus la Venue Glorieuse ou, ce qui revient au même, aient perdu sa signification, en se méprenant sur les nombreux passages du Nouveau Testament qui en parlent. Supposition gratuite, bien entendu. Dès lors, si nous sommes sur terre uniquement pour préparer notre Ciel et non pour préparer la Venue Glorieuse et préfigurer, quoique de manière très partielle et souvent très éphémère, le Royaume qui suivra cette Venue, beaucoup seront tentés de vouloir établir eux-mêmes ce Royaume, et cela sans tarder. Ils joueront donc au messie. La foi chrétienne sera transformée alors en une sorte d’utopie consistant à vouloir « bâtir le Royaume », comme on le chante dans divers hymnes. Ne sommes-nous pas en train de bâtir un monde uni et fraternel, cela ne se voit-il pas ? Certainement, Jésus a dit : « Mes amis, appliquez rigoureusement ce que je vous ai enseigné, et dans quelques années, vous aurez construit un paradis sur la terre » (Mc 20,1).

_ En fait, non (il n’y a pas de chapitre 20 en Mc). Jésus a plutôt dit le contraire ; il a annoncé sa Venue, et donc l’anti-christ qui la précédera, et il a annoncé aussi ce qui la suivra. Les écrits de St Irénée, restés hélas inconnus en Occident jusqu’au 16e siècle, éclairent ces questions si importantes.

_ Cependant, on leur préfère encore par exemple les écrits de Teilhard de Chardin, rendu mondialement célèbre par les évolutionnistes dont il se distingue à peine par son recours à un Esprit Universel (https://www.eecho.fr/?s=Teilhard, https://www.youtube.com/watch?v=i4kztnhgc5w, etc.). Il est le prophète des « chrétiens » messianistes, conduisant des milliers (ou plus) de chrétiens de la vraie foi à la foi socialiste (on allait bâtir un monde idéal), puis à la foi dialoguiste (grâce au dialogue interreligieux, la paix universelle va se construire dans ce monde – Nicolas de Cuse en rêvait déjà fin 14e siècle). Entre gens qui croient sauver le monde, on se comprend : le communisme était un messianisme qui prétendait sauver le monde, et l’islam imposer la charia au monde dans ce même but ; après la chute du mur de Berlin, des communistes tels que Roger Garaudy se sont reconvertis en musulmans, et l’abbé Gilles Couvreur passe du procommunisme à l’islamophilie, à la tête du Secrétariat pour les Relations avec l’Islam (qui réalise en fait un système de noyautage monopolistique des évêchés de France). Bien entendu, de même que les chrétiens victimes du communisme étaient ignorés voire calomniés, les chrétiens d’Orient qui connaissent l’islam le furent et le sont encore tout autant – le P. Antoine Moussali, qui avait donné des cours aux moines de Thibirine et avait dirigé le Centre des Glycines en Algérie, est de ceux que le SRI (aujourd’hui SNRM) a calomnié dans la presse.

_ Aujourd’hui encore, Teilhard est encensé, et, malgré les innombrables études remarquables parues en français sur ce faux prophète, il a fallu attendre une publication américaine pour qu’un bon mensuel catholique ose enfin dire l’imposture. Combien de temps faudra-t-il attendre encore pour que l’autre imposture, celle de l’icône du dialoguisme, Louis Massignon, soit reconnue, alors que tous les documents importants ont été publiés depuis longtemps ?

_ Anciennement, les procommunistes professaient que le communisme était fondamentalement bon, mais que ses horreurs, savamment minimisées, étaient dues à des déviations. La même chose est dite aujourd’hui du système islamique : fondamentalement, il serait bon et pur (il devrait contribuer à sauver le monde), mais il y a de méchants extrémistes, éventuellement mentalement dérangés, qui déforment cette belle religion. Ce qu’il y a de terrible avec les fausses fois messianistes, c’est que même les faits n’ouvrent pas les yeux. Il est vrai que les faits ne sont pas des explications et qu’il y a de braves gens partout: l’explication n’est pas enseignée. L’explication, c’est que les messianismes ne sont jamais qu’une terrible réappropriation du Royaume promis par Jésus pour après sa Venue (et après le Jugement qui l’accompagne), réappropriation dans un futur proche dont ceux qui se croient les sauveurs du monde auraient la clef.

_ C’est pourquoi un chrétien gagné au messianisme ne PEUT pas être lucide sur le communisme, l’islam ou tout autre système messianiste : il se condamnerait lui-même. Quand en 2012 déjà, le P. Christophe Roucou, directeur du SRI, se rend au Congrès mondial des religions à Astana (Nur Sultan), capitale du Khazakstan, ce n’est pas un hasard ; et le lieu de ce congrès est une immense pyramide, construite pour abriter l’instance permanente qui travaille à l’avènement de la religion mondialisée – le rêve messianiste du Cardinal de Cuse.

_ Si le messianisme est une maladie, c’est une maladie de l’âme, non du psychisme (même si la première peut éventuellement mener à la seconde). Il est difficile de ramener à la réalité quelqu’un à qui l’idéologie fait perdre le réalisme de la vraie foi : les faits ont peu de prise sur lui. Il reste à l’aider à redécouvrir la véritable espérance que la Révélation nous donne pour ce monde, c’est-à-dire la Venue Glorieuse ; en effet, cette espérance nourrit le cœur et permet de redonner son équilibre à la raison.

Saint et fécond Carême à tous, P. Edouard-Marie

 

Petit schéma purement suggestif (pour ceux qui aiment les schémas, en plus d’articles sur le dialogue) :

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