Symbole des apôtres, Irénée, seconde Venue

Symbole des apôtres – Mhaymninan – restitué et Irénée de Lyon

Texte PDF.

Au cours du XXe siècle, le credo des apôtres a pris une grande place dans la liturgie latine, et particulièrement après 1945.

UN PEU D’HISTOIRE

La recherche a essayé de rapprocher ce credo de certaines professions de foi baptismales à Rome dont nous avons des échos datant des IIe et IIIe siècles. Certes, dès le début, le baptême s’accompagne d’une profession de foi de la part du catéchumène, mais le rapport textuel entre ces témoignages et le « symbole des apôtres » comme tel est encore lointain. Par exemple, en 200, dans De praescriptione haereticorum (n° 13), Tertullien propose un long exposé en guise de « règle de foi », qu’il semble attribuer aux apôtres ; mais cette attribution n’est pas littérale, elle est selon le sens comme il l’écrit plus loin (n° 37) : “l’Église l’a reçue des apôtres, les apôtres du Christ, et le Christ de Dieu”. Il apparaît donc que le « symbole » revêtu de l’autorité « des apôtres » ne vient pas de Rome ; il faut chercher son origine en Orient.

Au IVe siècle, il est cité comme tel spécialement après le Concile de Nicée, justement dans un contexte où beaucoup de formulations de la profession de foi sont proposées[1] ; en 340, Marcel, évêque d’Ancyre (aujourd’hui Ankara, ancienne cité de l’empire perse en Anatolie centrale), le cite in extenso (en grec) dans une lettre adressée en 340 au pape Jules ‒ comme si ce dernier ne le connaissait pas ! Un peu plus tard, le texte est également repris en latin par Rufin, qui insiste sur l’origine apostolique du texte ; certains alors se posaient-ils des questions sur l’histoire du texte, qu’ils savaient n’être ni d’origine romaine ni grecque ? En effet, les Grecs n’utilisaient pas ce « symbole » de foi, ce qui n’est sans doute pas étranger à leur opposition aux christianismes situés à l’est de leur monde (c’est-à-dire copte et surtout araméen) ; c’est donc là qu’il faut chercher l’origine.

En tout cas, en Occident, une pieuse légende a été inventée pour expliquer le texte, selon laquelle chacune de ses parties aurait été composée par l’un des douze apôtres ‒ il faut donc qu’il y ait douze parties ; on trouve cette « explication » dans deux sermons attribués à St Augustin, qui semblent être plutôt l’œuvre d’un prédicateur gaulois du VIe siècle :

“Pierre dit : Je crois en Dieu le Père tout-puissant,
Jean dit : Créateur du ciel et de la terre.
Jacob dit : Je crois aussi en Jésus-Christ son Fils unique Notre-Seigneur.
André dit : Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie.
Philippe dit : A souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli.
Thomas dit : Est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité d’entre les morts.
Barthélemy dit : Est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
Matthieu dit : D’où il viendra juger les vivants et les morts.
Jacques, fils d’Alphée : Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique,
Simon le Zélote : La communion des saints, la rémission des péchés,
Judas, fils de Jacques : La résurrection de la chair,
Matthias acheva : La vie éternelle. Amen.” (Sermon 241 ‒ voir aussi le 240)

Des sculptures se sont inspirées de cette légende :

Si l’on cherche l’origine du « symbole » en rapport avec la Grande Eglise araméenne de l’Orient, une structure orale en 2 X 5 saute immédiatement aux yeux : il s’agit d’un comptage sur les doigts des deux mains, avec, en plus, une correspondance entre les mains comme on va le voir. Ceci indique qu’une telle profession de foi était récitée en joignant les mains (pour compter) ‒ un geste chrétien bien attesté mais dont on n’aurait autrement pas la moindre explication quant au sens et à l’origine !

RESTITUTION D’APRÈS L’ANALYSE RYTHMO-MIMÉTIQUE

Une telle simplicité de comptage en 2 X 5 jointe à un contenu doctrinal extrêmement riche, rigoureux et dit de manière génialement simple suggère une œuvre apostolique, peut-être liée à une rencontre d’apôtres à Jérusalem, du moins de ceux qui étaient encore vivants et tandis que Marie était encore là (c’est-à-dire avant 51 selon les traditions orientales). L’origine de la légende des douze apôtres dictant le texte pourrait se trouver là.

Les manuscrits araméens sont rares à cause des siècles de destructions systématiques opérées par le pouvoir islamique. Sans attendre l’apparition toujours possible de nouveaux documents, nous pouvons néanmoins restituer déjà assez facilement l’état initial de ce credo des apôtres avec son comptage et, bien sûr, avec ses balancements de style oral « gauche droite » (ou plutôt « droite gauche » en Orient) :

Le Mhayminan (Credo) araméen initial des apôtres

Nous croyons en Dieu le Père____ Créateur du ciel et de la terre _ 1
Nous croyons en son Fils unique _ Jésus le Messie notre Seigneur_2
Qui a été conçu de l’Esprit-Saint _ et a été enfanté d’un sein vierge 3
Et a souffert et a été crucifié______et est mort et a été enseveli___4
Il est descendu au shéol _________et s’est relevé le troisième jour  5

Il est monté au ciel _____et est assis à la droite de Dieu le Père _  6
Et viendra de là-bas ____ en Seigneur des morts et des vivants __7
Nous croyons en l’Esprit-Saint_et en l’Église sainte catholique ___8
En la communion des saints __ et en la rémission des péchés____9
En le relèvement des corps ___ en la vie éternelle ___________10

En fait de rigueur, soulignons par exemple la proposition 10, dont la formulation est toujours la même aujourd’hui. Sa seconde partie « en la vie éternelle » n’est pas précédée comme ailleurs par la conjonction « et » (mais la traduction française l’a ajoutée, alors même que le latin n’y invite pas) ; il ne s’agit pas en effet de deux choses distinctes à croire car le « relèvement des corps » (dénommé « résurrection de la chair » en latin) advient pour et dans la vie éternelle ‒ c’est donc une même réalité. La formulation araméenne est aussi concise que rigoureuse.

Clairement les propositions 1 à 5 et 6 à 10 se répondent deux à deux par mots-clés ou plus encore selon le sens, c’est-à-dire que les deux mains se répondent comme suit :

C’est sous cette forme en deux « mains » ‒ en deux colonnes ‒ que sont présentés les sept PDF à télécharger tout en bas (P. Frédéric Guigain).

Les quatre ajouts que l’on trouve dans le Mhaymninan actuel s’expliquent aisément mais il faut relever aussi deux modifications dont la seconde ne s’accorde pas du tout avec les éléments commentés donnés en grec par Irénée au IIe siècle (cf. ci-après).

Le Mhaymninan (Credo) araméen des apôtres aujourd’hui

  • Dès le premier mot, un ajout saute aux yeux : sous l’influence occidentale, « moi-je » a été ajouté à « nous croyons» ; en Occident, la foi est vue de manière individuelle (et peu communautaire) : les araméens ont été obligés d’en tenir compte.
  • La qualification de « tout-puissant » a été ajoutée après l’an 189 si l’on se réfère à Irénée de Lyon (voir ci-après).
  • La précision « aux jours de Ponce-Pilate » a dû être ajoutée tôt, sans doute au cours du IIe siècle (avant 189) : par la chronologie, elle rappelle la réalité concrète face aux élucubrations gnostiques qui sévissaient déjà.
  • La précision « le troisième jour », reprise des Écritures, semble, elle, postérieure (Irénée ne l’indique pas) ; c’est une manière d’insister sur le fait que Jésus est vraiment mort et est vraiment descendu au shéol (c’est-à-dire aux « enfers » comme on dit en français, un mot qui désigne mal ce qu’il veut dire : le passage de la mort).
  • La formulation « de la Vierge Marie» ne peut pas être primitive. Tant qu’elle est sur terre, Marie ne veut pas être glorifiée, ce qui aurait cependant lieu d’être puisqu’elle est la vierge dont la prophétie d’Isaïe 7,14 annonce la mystérieuse maternité, en rapport avec l’attente messianique selon la lecture qui en a été faite par la suite. Il est probable que la formule première, datant d’avant l’an 51 et qui dit le mystère très sobrement, était quelque chose comme « d’un sein vierge » ; on la retrouve d’ailleurs çà et là dans les traditions[2].
  • Enfin, la question se pose de savoir si le Christ viendra « pour juger les morts et les vivants ». Probablement par souci de logique, les versions occidentales ont interverti l’ordre de ces mots : le Christ jugerait d’abord les vivants (qui meurent ensuite), puis les (déjà) morts (qui sont beaucoup plus nombreux) ; mais même ainsi, quelque chose ne va pas. Voyons cela.
MODIFICATION QUANT A LA SECONDE VENUE ET ÉCLAIRAGE DE St IRÉNÉE

On lit en effet en He 9,28 (araméen) : “Ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de beaucoup ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché mais pour la vivification de ceux qui l’attendent.”
Si la vivification ou guérison consiste à mourir, on peut se poser des questions au moins quant à l’utilité de la venue du Christ.

Par ailleurs, dans les évangiles, Jésus ne dit jamais qu’il « juge » les défunts ‒ à la limite sa parole les juge (Jn 12,48) ‒, mais qu’il les visite et les « évangélise » (Jn 5,25 ; cf. 1P 4,6) : il s’agit là du mystère de la « descente au Shéol » dont il est déjà question dans la première partie du symbole ; si les défunts n’ont pas pris position alors devant Jésus et que celui-ci doive encore les « juger » par la suite (en supposant ici une chronologie temporelle), à quoi sert sa « descente » ?
Bref, s’il faut lire “Et viendra de là-bas pour juger les vivants et les morts”, on est face à de grosses difficultés.

Il existe ici une explication, celle d’une incompréhension s’appuyant sur une mauvaise lecture. En araméen, il suffit de déplacer un point de dessus du ductus « r » vers son milieu pour lire un « d », ce qui donne alors “pour juger” (la-mdan) au lieu de “comme/au titre de Notre-Seigneur (la-mran)”. Dans ce second cas, la-mran l-myité’ wa-l-ḥayé’ indique le titre de gloire du Seigneur apparaissant, et il est logique alors que les morts soient cités en premier : “il viendra en Seigneur des morts et des [pour visiter les] vivants”. Cette proposition 7 répond alors parfaitement à la proposition 2 : il est le Messie Seigneur, et il viendra en Seigneur.[3]

La modification vers le texte actuel pourrait s’expliquer aisément comme une influence du Credo de Nicée-Constantinople, lui-même reprenant un passage des Actes qui dit : “Il [le Christ] est le juge établi par Dieu pour les vivants et les morts” (Ac 10,42) – sans souci d’une quelconque simultanéité (le et), que l’on voudra y mettre par la suite.

Dans Adversus Haereses, l’explication que donne Irénée de Lyon suggère qu’à son époque on récitait encore la-mran, “en Notre-Seigneur”, comme on va le voir. Dans ce traité que l’on peut dater d’avant 189 (c’est-à-dire avant la mort du Pape Eleuthère), le terme de « barbaroï » est une manière de désigner ceux qui ne parlent pas le grec (Araméens, Coptes, Arméniens) ; Irénée y commente de la profession de foi de certains de ces « barbaroï », ou en tire les traits saillants. Il dit d’eux qu’ils “possèdent le salut, écrit sans papier ni encre par l’Esprit dans leurs cœurs (c’est-à-dire assimilé par cœur), et gardent scrupuleusement l’antique Tradition”, laquelle est présentée ensuite ainsi[4] :

Éléments de la profession de foi des « barbaroï », explicités par Irénée in AH IV,2

Texte français actuel
du Symbole des Apôtres

Ils croient en

1- un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre et de tout ce qui s’y trouve,

2- et en Jésus-Christ Fils de Dieu qui, à cause de son amour débordant pour l’œuvre qu’il a modelée,

3- a accepté d’être engendré de la Vierge, unissant lui-même par lui-même l’homme à Dieu,

4- qui a souffert sous Ponce Pilate,

5- est ressuscité,

6- a été enlevé dans la gloire,

 

7- qui viendra dans la gloire comme Sauveur de ceux qui seront sauvés

et comme Juge de ceux qui seront jugés, précipitant dans le feu éternel ceux qui travestissent la vérité, méprisent son Père et sa venue.

 

1. Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre,

2. et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur,

3. qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie ;

4. a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers ;

5. le troisième jour, est ressuscité des morts ;

6. est monté au ciel, est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant ;

7. d’où Il viendra juger les vivants et les morts.

8. Je crois en l’Esprit-Saint
9. à la sainte Église universelle,
à la communion des saints,
10. à la rémission des péchés,
11. à la résurrection de la chair
12. à la vie éternelle. Amen.

Irénée semble omettre certains mots ou certaines propositions du credo des « barbaroï » ‒ en particulier tout ce qui a trait au Shéol (enfers) et même tout ce qui concerne les morts : il ne parle que des vivants. Est-ce parce qu’il y avait des formulations qui différaient entre Coptes, Église de l’Orient, et Arméniens, pour ne citer que les principales Églises orientales ? En tout cas, ce qui lui importe est de commenter, pour ses lecteurs, la proposition 7 relative à la Venue glorieuse. Irénée parle de vivants qui mourront à cause de cette Venue agissant comme un jugement, tandis que ceux qui n’ont pas travesti la vérité vivront sauvés c’est-à-dire sur la terre, étant libérés de l’oppression des premiers. Il s’agit d’un thème majeur des écrits d’Irénée, héritier de la juste interprétation de la Révélation[5] ‒ mais inquiet de voir que celle-ci n’est plus comprise parfaitement.

Manifestement, le saint évêque de Lyon voulait souligner quelque chose de très important, déjà pour ses contemporains. La forme si simple et forte que le « Symbole des apôtres » araméen primitif avait nous parle étonnamment aujourd’hui.

Télécharger les 7 PDF relatifs au Symbole des Apôtres araméen :
– texte traditionnel chaldéen
idem translittéré
idem en traduction
– texte restitué en araméen ancien
idem translittéré
idem en traduction
idem en écriture d’époque

______________________
[1] En 341, quatre symboles sont proposés successivement lors du concile de la Dédicace, un autre l’est lors de celui de Sardique en 343, un autre lors de celui de Philippopolis en 343, un autre lors de celui d’Antioche en 345, trois autres lors des conciles de Sirmium en 351, 357 et 359, un autre lors de celui de Rimini en 359 aussi, et enfin celui de Constantinople en 381.

[2] Par exemple chez Photius, Homélie sur la Nativité, cité in Échos d’Orient, tome 13, n°83, 1910, p.200.

[3] Probablement, une imagerie très forte et populaire a joué un rôle dans la confusion entre d’une part la rencontre du Christ et des défunts dans le passage de la mort (CEC 634-635), et d’autre part sa seconde Venue : la vision des ossements desséchés reprenant vie (Ezéchiel 37,1-14). Il est difficile de s’en défaire, tellement cette vision frappe l’imagination. Mais on ne peut pas la comprendre en dehors de la perspective de Rm 8 : elle doit être associée à l’ultime étape que vivra la création une fois glorifiée quand la mort elle-même disparaîtra (1Co 15,24-26 ; Ap 21) ‒ ce n’est pas de cela qu’il est question avec la seconde Venue, c’est la proposition 10 qui le dit plus loin (“En le relèvement des corps en la vie éternelle”).

[4] Mise en tableau et traduction extraites de : Yevadian Maxime, Irénée de Lyon, sa vie, ses œuvres et sa relation à l’Orient, tiré-à-part, Univ. Cath. de Lyon.

[5] Voir par exemple eecho.fr/session-2021-l-esperance-chretienne-pour-ce-monde-fr-breynaert/ ou eecho.fr/st-thomas-daquin-et-la-millenie/ ou eecho.fr/redecouvrir-le-sens-revele-de-lhistoire/ ou youtube.com/watch?v=YABDz56fXRw&list=PLsIIgGqUVov8PYD08Z43PBqzwRWCEddkJ&index=11.

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5 thoughts on “Symbole des apôtres, Irénée, seconde Venue

  • 31 mai 2022 at 11 h 02 min
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    Bonjour,
    il me semble étrange de considérer que les araméens eux-mêmes auraient mal lu et mal compris « au titre de Notre-Seigneur » et auraient déplacé, tous, un point de dessus au point de le comprendre comme « pour juger ».
    Comment un tel changement de sens, même au prix d’une légère fluctuation de la transcription, aurait pu subvenir, surtout dans une culture où la mémoire du texte a tant d’importance ?

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    • 20 juin 2022 at 7 h 28 min
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      Justement, cela a beaucoup de sens, et pas seulement parce que, à l’audition, le changement est minime (y compris pour la mémoire).

      ● D’abord, l’écriture syriaque / araméenne actuelle est postérieure d’au moins deux siècles, celle qui était utilisée auparavant était l’alphabet carré de l’Empire parthe, qu’on appelle erronément l’hébreu carré (carré à cause des inscriptions gravées, il y avait aussi une écriture cursive). Voir le dernier des PDF à télécharger. Cela n’arrange rien : en lettres carrées , le resh ר peut également se confondre avec le daleth ד !

      ● Et il y a aussi l’influence ou plutôt la pression des Grecs sur les Araméens (et les Coptes aussi).
      Là, on touche la question de fond. Il est facile de trouver à lire en araméen ce qu’on veut y lire quand cela repose sur même pas une lettre complète.
      Les Grecs répugnent à penser le sens du devenir historique, puisque pour eux tout n’est qu’éternel recommencement (destin, moira). Mettre ensemble un jugement des vivants et des morts (et en changeant l’ordre de ces mots) dés-historicise ce qui se passera lors de la Venue Glorieuse : faute de comprendre le devenir de l’humanité qui doit être préparée collectivement à l’éternité (explique St Irénée, qui est un Oriental), l’esprit grec se représente dogmatiquement une FIN-TERME au monde existant (du genre « Apocalypse 2012 »).
      Et donc, puisque tout le monde mourra alors, il est normal que les « morts avant » attendent et soient jugés avec les « morts de ce moment-là« . Il s’agit d’un pur raisonnement conceptuel à la grecque.
      Dès lors, on ne voit plus à quoi sert la descente du Christ (puisque les défunts doivent attendre longtemps avant d’être jugés), mais plus tard, la théologie inventera le concept de « jugement particulier » pour dire que, quand même, chacun est jugé juste après sa mort.
      Il ne faut pas sous-estimer la pression exercée par les Grecs sur les communautés syriaques, c’est même une triste histoire (de même par rapport aux Coptes). Mais, comme le montre l’article, le changement probablement imposé par des théologiens grecs est assurément postérieur à St Irénée.

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    • 1 août 2022 at 7 h 41 min
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      Cette étude qui est très intéressante ne se réfère pas à deux éléments qui faisaient partie de notre étude Mgr Alichoran et moi-même et qui est donnée dans le Livre Karozoutha pp107-124.
      L’analyse orale en araméen donnée là de CE TEXTE araméen est tel qu’il FAIT PARTIE DU BREVIAIRE (Houdra) de l’Eglise de l’Orient, et a une tradition liturgique antérieure à Nicée.
      Souvent Irénée traduit en grec d’une manière ajustée au grec et encore plus dans Adversus Haereses, pour être compris ; il faut aussi le lire la Démonstration de la Prédication Apostolique d’Irénée (ces deux textes AH+DPA nous sont parvenus aussi par l’arménien). La DPA en donne l’analyse détaillée et qu’elle est qualifiée de Qanona de la Vérité, le mot Qanona un texte fixé par coeur (cf. canon de la messe) selon son équivalent précis en arménien.

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  • 24 juin 2022 at 18 h 50 min
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    Merci pour votre réponse.

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  • 1 août 2022 at 9 h 51 min
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    Un grand merci à Pierre Perrier, à qui revient la paternité de la découverte.
    C’est à la session d’été d’EEChO en 2013 que le P. Frédéric Guigain fit découvrir cette pépite qui est esquissée dans le livre de P. Perrier Karozoutha datant de 1986 ! Il y eut alors un premier article sur ce site en septembre 2013.
    La Démonstration de la Prédication Apostolique (au n° 6) nous donne la profession de foi trinitaire ‒ donc en trois parties, ainsi qu’elles sont dites aujourd’hui encore par le futur baptisé juste avant son baptême.

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