La Sainte Famille en Egypte -2 : l’itinéraire

Itinéraire des traces de la Sainte Famille

 Sabine Perouse (suite)
Première partie : eecho.fr/la-sainte-famille-en-egypte-1..

Les principales étapes parcourues par les saints fugitifs ainsi identifiées, en reliant tous ces points d’ancrage un tracé a pris forme sur la carte de l’Égypte.

Pour résumer, présentons-les en 7 parties : Farama – dans le Delta – Sainte Damienne – Le Caire – Deir el Garnous– Achmouneïn – Mouharraq.

Suite à la traversée du Sinaï, la ville de Farama (la Péluse romaine) marque l’Entrée officielle en Égypte. Cette tradition est rapportée dans trois textes coptes anciens puis, au IXe siècle, par un moine français, Bernard Le Sage, passé en pèlerinage. Les archéologues y ont découvert de nombreuses églises bâties entre le IVe et le VIIe siècle qui témoignent, par leur taille, d’un culte d’une ampleur inexplicable par une autre raison.

Second point d’ancrage, dans le Delta (du Nil), Tell Basta (Boubatis) est attestée par 4 textes-sources coptes qui évoquent la chaleur écrasante subie par la Sainte Famille et le puits creusé là par saint Joseph. La ville a été très tôt un centre chrétien, siège épiscopal dès le IIIe siècle, et on y a découvert récemment un puits daté du 1er siècle de notre ère.

Autre point de passage, Burullus et le monastère Sainte Damienne, édifié à la fin du IIIe siècle. Il doit son nom à la moniale Damienne, martyrisée sous Dioclétien et portée sur les autels par le patriarche Alexandre (312-326). Depuis, les pèlerins viennent s’y recueillir, dans les trois églises d’époques différentes. Selon la tradition, c’est là que l’Enfant Jésus aurait fait jaillir une source d’une pierre, avec son talon. Cette pierre appelée Bikka Issous (talon de Jésus) est maintenant conservée à Sakha, à 150 kilomètres au nord du Caire.

Au sud du Delta, Matareya (l’antique Héliopolis), étape majeure du voyage, fait maintenant partie du Grand Caire. Elle est mentionnée non seulement par des voyageurs et des pèlerins, mais aussi dans un manuscrit non-copte, la « Vie de Jésus en arabe » puis, au Moyen-âge, par des auteurs occidentaux, russes et arabes. Ses baumiers, dont l’huile a permis pendant des générations de fabriquer le Saint Chrême, sont considérés comme issus d’un 1er arbre béni par l’Enfant Jésus et désormais appelé « Arbre de la Vierge ». La population locale est d’ailleurs habituée à la question Chagherat Mariam ? (où est l’arbre de Marie).
Dans le Vieux-Caire, parmi les nombreux sites reconnus, l’église Saint-Serge est datée de la fin du VIIème siècle. Édifiée sur l’emplacement d’une première chapelle, son autel se trouve juste au-dessus d’une petite crypte de forme basilicale qui enserre la grotte où auraient vécu les fugitifs.

Non loin, dans le quartier de Maadi, on peut voir l’embarcadère d’où, selon la tradition attestée dès le IVe siècle, ils sont partis pour la Moyenne Egypte.

Plus au sud, ce n’est peut-être pas par hasard si la Vallée du Nil abrite le cœur de l’Egypte chrétienne : Deir el Meinoun, où vécu saint Antoine, père du monachisme, puis Deir el Garnous mais surtout Bahnasa, l’Oxyrhynque grecque. C’était la plus grande ville chrétienne avant la domination arabe, martyrisée sous Dioclétien puis rayonnante avec ses 360 églises. Des fragments de manuscrits du IIe siècle témoignent du développement précoce de sa foi. L’exemple le plus frappant en est le papyrus P52 qui comporte un passage de l’Évangile de saint Jean. Des écrits musulmans font également allusion au passage de « Marie et son fils ». Ruines et fouilles sont remarquables.

Achmouneïn. C’est l’ancienne Hermopolis Magna, capitale régionale jusqu’au XVIIIème siècle, lieu où convergent le plus de sources anciennes écrites, dont celles conservées à la Bibliothèque Vaticane. Elles relatent les miracles de guérison faits par Jésus enfant et l’accueil que lui aurait réservé Eudémon, le premier martyr de la Haute Egypte.

Enfin dans la région d’Assiout, centre du pays, le terme du voyage : le Mont Qosquôm. La Sainte Famille y aurait vécu 6 mois, sa plus longue halte, jusqu’à son départ à l’annonce de la mort d’Hérode. Le monastère de Moharraq garde la mémoire de ce séjour, en lien avec la prophétie : « Ce jour-là, il y aura un autel au milieu de la terre d’Égypte » (Is 19,19). C’est depuis des siècles un centre spirituel majeur où vivent actuellement plus de 100 moines.

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