Noël : croire au vrai Sauveur

Noël : croire au vrai Sauveur

Edouard-Marie Gallez

__ Il n’y avait pas de place pour Marie et Joseph à l’auberge de Bethléem, et encore moins chez les princes du moment ; celui qui est le Salut de son peuple et le Messie-Roi va naître dans une crèche. Seuls le reconnaîtront d’humbles bergers qui portaient dans le cœur la vraie attente du salut ‒ ils furent éclairés. Avant le miracle des noces de Cana et la vie publique de Jésus, seule une poignée de personnes étaient au courant, en Judée et en Egypte, et gardaient ce grand secret. Parmi elles, Syméon avait prédit à la Vierge Marie que l’enfant est là pour la chute de beaucoup en Israël, qu’il serait un signe de contradiction, mais aussi que beaucoup se relèveraient (Lc 2,34).

__ Cette prédiction est-elle à rapprocher d’une de celle de Jésus, annonçant qu’il y aurait après lui des faux prophètes et des faux messies (Mt 24,24) et qu’il reviendrait dans la gloire (Mt 24,30) ? La foi appelle l’intelligence ; elle est avant tout l’adhésion de l’intelligence à ce qui est révélé par Dieu. Jésus, dont le nom signifie « Il sauve » (Yešūa‘) ou « salut » (et non pas « Dieu sauve », ce qui est le nom de Josué) réalise vraiment son nom. Mais de quoi est-il sauveur ?

__ A cette question plus qu’intéressante, il semble que bien peu de chrétiens répondent. Si Jésus sauve et libère de quelque chose, c’est bien de l’emprise que le Mal exerce sur le monde humain (et donc sur les vies humaines). C’est le sens de la fête de Noël, qui n’est pas simplement la fête des familles. Or, il semble qu’un énorme problème se pose là. Y a-t-il une emprise du Mal sur le monde, ou bien celui-ci n’est-il peuplé que de bonnes intentions ? C’est ce qui a été dit durant des années, et plus même : le monde serait animé d’un grand mouvement vers le mieux, et le Royaume de Dieu est en train de se bâtir, les chrétiens étant appelés à prendre la tête de ce grand mouvement du monde suscité par l’Esprit Saint. Ainsi se réalisera le salut du monde.

__ Cependant, cette croyance qui s’est elle-même nommée « progressisme » (c’est-à-dire le prolongement humain de l’évolutionnisme) paraît discutable. Rationnellement, comment croire que ce qui est bon est ce qui va dans le sens global du monde ? Et que ce qui va en sens contraire est mauvais ? Faut-il croire alors que l’Esprit du monde ne serait autre que l’Esprit Saint ? Mais alors, que penser de l’immensité globale de la corruption qui caractérise le monde actuel ? Faut-il vivre dans le déni ‒ en s’enfermant dans un confort personnel quasi-autiste de privilégié ? Être chrétien, est-ce vivre un rêve éveillé ?

__ Un des buts de la Révélation, si l’on peut dire et dès Abraham, est de révéler l’emprise du Mal, non pour donner un savoir supplémentaire mais en vue d’un remède. Ce remède est « Il sauve ». Car c’est vraiment lui qui sauve, et nul autre. Dieu a créé tout ce qui existe, mais le Mal a pris un droit sur le monde à la suite de l’écoute qu’il a trouvée auprès des premiers humains. Jésus a clairement dit que l’Esprit qui inspire ce monde, le « Prince » de ce monde, est Satan, et qu’il est jugé (Jn 16,11). De là vient l’importance de la Venue glorieuse, qui accomplira pleinement le Jugement ‒ mais aussi l’importance dramatique de son oubli : s’il n’y a pas de Jugement à venir, pourquoi ne pas vivre son rêve ? Tel est l’idéal qui a été donné à toute une génération de chrétiens en Occident. On leur a même donné une nouvelle définition du « Mal » : s’opposer au monde et aux rêves de ceux qui prétendent le guider. Le résultat en tout cas est que la plupart ont envoyé au diable ce qui leur restait de la foi de leur enfance.

__ La vraie foi fait vivre dans la réalité, parce que c’est elle que « Il sauve » ‒ il n’y a pas d’autre réalité présente ou à venir, hormis le fait qu’Il a promis de venir dans la gloire pour enlever au Mal son emprise sur le monde ; mais ce sera à travers le Jugement de l’Antichrist et de ses partisans. Telle est la foi des apôtres. Si la corruption généralisée du monde s’étale aujourd’hui sous nos yeux, cela a du sens non seulement au regard de ce qui était prévisible mais surtout au regard de ce que Jésus lui-même a prédit. En mars 2020, en trois jours de temps, les libertés et droits humains ont été suspendus sur la moitié du globe : liberté de se rencontrer, de circuler, de se soigner de manière efficace, de se toucher, de commercer, de parler publiquement, d’avoir une vie sociale, culturelle et même familiale, et ensuite de se regarder (le masque ne permet plus de voir autrui) et même de respirer librement.

__ Raison invoquée : sauver des vies face à une menace mortelle. Une telle menace doit évidemment ressortir des chiffres globaux de la mortalité 2020. Or, y compris aux USA, au regard des 10 ou 11 premiers mois de l’année, celle-ci apparaît comparable aux années antérieures ‒ 2017 a vu une grosse épidémie de grippe, elle aussi mondiale (chaque année, la grippe saisonnière fait beaucoup de morts, mais on n’en parlait pas tous les jours) [1]. D’aucuns vont objecter peut-être : « Mais je connais quelqu’un qui… ». Il va de soi que la baisse de mortalité due au cancer par exemple est un leurre : on n’a pas trouvé de remède nouveau en 2020, on a simplement étiqueté autrement les décès (et l’hôpital reçoit une belle prime à la clef, pour chaque cas déclaré). Il est possible que ce qui a été nommé « pandémie » aurait dû faire beaucoup plus de décès, des millions peut-être (c’est ce qui avait été annoncé…), surtout s’il s’agit d’un bricolage incluant des composants de la malaria et du H1N1. De même, les bricolages dits « vaccinaux » mais à l’ARN, administrés sans aucun recul, sont possiblement à l’origine de graves réactions immunitaires (ici en français, ou encore ici) voire de conséquences autres encore. Mais le plus important n’est pas là : un mal présenté comme monstrueusement mortel a constitué le message central de tous les grands médias et des structures étatiques depuis 10 mois, un message répété mille fois par jour (jusque sur les panneaux de signalisation des autoroutes). Or qui dit « mal » dit « remède » et « sauveur ». En effet, de même que la Révélation révèle le Mal parce qu’elle apporte le Salut, les médias appartenant aux grands groupes financiers révèlent un nouveau mal et son nouveau remède (dans la soumission aux nouveaux Sauveurs) :

Sauveur __
Mal           Remède

Le mécanisme utilisé est celui de la Révélation elle-même, mais monstrueusement dénaturé et contrefait. C’est pourquoi les manipulations qui recourent à ce « triangle du salut » sont si profondément puissantes : elles remuent l’être humain plus radicalement encore que celles qui recourent au « triangle de Karpman » (bourreau, sauveur, victime). Pour le dire en un mot, les nouveaux Sauveurs du monde prennent la place de Jésus. C’est efficace, cf. Mt 24,24.

__ Mais peut-il y avoir des sauveurs autres que Jésus ? Tout compte fait, au regard des conséquences, ce serait plus rationnel de croire au Père Noël (invention de Coca-Cola). Pourquoi croit-on en ces nouveaux sauveurs ? Parce qu’on se croit menacé d’une mort imminente ? Par conformisme ? Par bêtise ? Parce qu’on est acheté ? Par peur de perdre un emploi ? Pour la satisfaction de se croire important en nuisant à autrui (par délation par exemple) ? Par peur de la répression (des camps sont annoncés officiellement en Nouvelle-Zélande et au Canada, et de manière feutrée en France) ? Fondées ou non, toutes ces raisons existent. Mais la raison profonde est sans doute celle-ci : des peuples qui ont massivement renié la foi au vrai Sauveur sont prêts à croire n’importe quoi ‒ quitte à se retrouver dans une misère silencieuse. Et ceux qui n’ont que peu connu la Révélation ne sont pas moins manipulables.

__ La foi est l’enjeu de tous les enjeux. La sainte Messe nourrit la foi, au moins implicitement. Il n’est pas fortuit qu’elle soit interdite plus que toute autre rencontre (même en extérieur sans quitter sa voiture), alors que les gens se pressent l’un contre l’autre tous les jours dans les transports en commun. Les gens qui nous dirigent seraient-ils incompétents ou stupides ? Même s’il y a parfois des ratés (comme ici, ici ou ici), il paraît plus raisonnable de penser qu’ils obéissent à des instances supérieures qui ne s’en cachent d’ailleurs pas. La tradition chrétienne invite à prier pour eux, même si leur mission semble être de conduire l’humanité à une désespérance qui lui fera tout accepter ‒ ce qui n’est jamais possible qu’à cause de la passivité du plus grand nombre (cf. Naomi Klein, The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism, 2007).

__ C’est en Notre Seigneur que nous mettons notre espérance, elle est vraie et les fruits seront visibles. Le pire en effet n’arrive pas nécessairement en pratique. Il existe seulement une logique à l’œuvre selon ce que le Nouveau Testament nous dit, à cause des contrefaçons de la Révélation qui conduisent à la manifestation un jour d’un anti-christ mondial. Et pour un moment ridiculement court. Il est temps de revenir à la vraie foi en Jésus Sauveur venu en notre chair à Noël, et qui reviendra pour le salut de ceux qui l’attendent (He 9,28).
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[1] Loin des gros titres trompeurs, les chiffres sont là. Certes, il y a eu moins de morts sur les routes mais hélas beaucoup plus de suicides et de personnes décédées par manque de soins hospitaliers, notamment dans les EHPAD (+ décès par rivotril, maltraitance, etc.). Pour regarder ailleurs que dans l’hexagone, par exemple en Suisse :

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