Le christianisme et « les religions »

Mise à jour 2023

___Aux yeux des chrétiens d’Orient vivant en Europe, les chrétiens occidentaux ont une attitude globalement incompréhensible, comme s’ils étaient devenus incapables de juger les choses de ce monde (1 Corinthiens 6,3), en particulier à propos des « autres religions ». Il semblerait que, faute de pensée qui leur soit propre, ils tendent à s’aligner sur le « prêt-à-penser » dominant.
Comment celui-ci fonctionne-t-il ?
___C’est ce que veut montrer le premier tableau de la vidéo ci-dessous (issue du PPT à télécharger), partant du concept « des religions » considérées en leur diversité, un peu comme s’il s’agissait de produits disposés sur un rayon de supermarché. Telle est la vision « athée » , opposant l’histoire réelle (la vraie) à l’histoire inventée par les « religions » à révélation :

Ces divers produits spirituels seraient à peu près équivalents (l’important est de croire en quelque chose, dit-on), à l’image des lessives en poudre ou liquides qui semblent ne rien devoir les unes aux autres – mais qui sont fabriquées par les deux mêmes multinationales (elles-mêmes liées par des liens financiers). Cette manière de penser voudrait être une démarche garantissant la coexistence et la paix, le consommateur faisant « librement » son choix dans le supermarché mondial des « religions ».

___C‘est ce qu’il nous faut regarder de plus près. On se rend compte alors qu’il existe une vision toute autre de l’histoire, conforme à la réalité car rendant compte du changement du cours de l’histoire au 1er siècle de notre ère – et pas simplement à cause du christianisme qui s’est répandu par les apôtres dans toutes les parties facilement accessibles du monde d’alors.
Remarques : dans le rayon des « religions », l’article « bouddhisme » n’a pas une place bien définie (ses origines paraissent extrêmement floues aux yeux des spécialistes actuels), mais il s’agit là d’un détail ; et au bout du rayon, l’athéisme trouve logiquement sa place au titre de conviction.  

N’hésitez pas à mettre les tableaux sur pause afin de prendre le temps de les regarder. Ou à télécharger le PPT qui est animé, ce qui est beaucoup mieux pour comprendre : cliquer ici.
A noter : le tableau de l’histoire réelle est celui de la recherche historique sérieuse, donc accessible à tout historien; évidemment le bas de ce tableau, qui concerne le futur, ne l’est pas ; il vient de la Révélation.
————————————–

Post-Scriptum à propos de la « théologie des religions »
___
Le Nouveau Testament et la tradition mystique chrétienne affirment que le salut sera offert à tout homme : telle est la puissance du don fait par Jésus, une puissance qui, selon Lc 16,19-31 et Mt 22,1-14 etc., s’étend au-delà de la mort. En effet, la rencontre du Christ, sans laquelle le salut ne peut être effectivement ni donné ni reçu, ne peut pas se restreindre à l’ici-bas (c’est-à-dire advenir seulement avant ou lors d’un supposé « dernier soupir »). Or, une certaine tradition théologique occidentale est partie de cette conviction : le « dernier soupir » fermerait le temps durant lequel le salut doit être reçu, comme s’il existait une Intelligence Artificielle qui mesurerait nos mérites à l’instant « t » de la mort et déciderait de l’aiguillage vers le Ciel ou vers l’Enfer
♦ alors n’existe pas d’instant  « t » – la mort étant au contraire un processus
♦ et de sorte qu’un « jugement » aurait eu lieu sans que la plupart des hommes ait jamais rencontré ni même approché du Christ.

___Ces (vieux) postulats plaçaient Dieu, si l’on peut dire,  dans une situation embarrassante. Si rien ne se passe dans le mystère de la mort, comment Dieu va-t-Il fournir aux hommes présumés mériter le Ciel le billet qui y conduira (c’est-à-dire la « grâce sanctifiante » pur dire les choses de manière compliquée) ? En effet, on imagine que les baptisés reçoivent un tel billet au baptême, à condition d’y demeurer fidèles, mais ils ne constitueront jamais qu’une partie de ceux qu’on peut présumer être « méritants ». Et les autres, vont-ils tous en Enfer ? Certains esprits obtus y ont songé, mais d’autres ont imaginé que Dieu se sert des autres religions pour distribuer des billets d’entrée supplémentaires au Paradis – Il aurait simplement oublié d’en parler dans Sa révélation. Toute « religion » a donc un caractère intrinsèquement positif et sacré. Le bouddhisme est un moyen de salut pour les bouddhistes, l’islam pour les musulmans, et, en fin de compte, la conscience pour tout le monde.

___Ce raisonnement est toujours présenté à l’envers. On fait semblant de partir de la constatation faussement naïve de la diversité des hommes et des convictions. Comment réconcilier cette conviction pluraliste avec l’idée que la grâce doit être à l’œuvre dans les hommes – au moins chez les méritants d’entre eux (et durant leur vie) –? La conclusion de milliers de pages écrites depuis soixante ans dans cette veine est toujours la même : la vie humaine doit receler les conditions nécessaires de la grâce. Pour le dire en images, les billets pour le Ciel doivent être distribués largement sur tous les hommes par le Christ-Logos – à la manière dont des avions pulvérisent des pesticides sur les champs. Ce « Logos » est-il le « Jésus historique » ? A la limite, la question ne se pose même plus, le discours de la « théologie des religions » ayant remplacé les mots Christ-Logos par ceux d‘Esprit Saint (depuis l’an 2000 à la suite de la lettre Dominus Iesus § 10). Ce qui est vraiient significatif, c’est que le baptême n’aurait plus d’autre utilité que d’exprimer un salut qui, de toute façon, est donné. « On ira tous au Paradis » chantait Polnareff.

___Ces raisonnements fallacieux ne semblent tenir que parce que les étudiants en théologie (« des religions ») n’osent pas dire à leurs enseignants qu’ils cachent leur véritable point de départ, qui est un présupposé grotesque : il ne se passerait rien dans le mystère de la mort.  Dommage que le ridicule ne tue pas…

Pour en savoir plus : Le malentendu islamo-chrétien, Paris, éd. Salvator, 2012.

______________ Et aussi ce site de recherche islamologique, et son étude sur le Jugement (sous l’aspect de la date).

Partager cet article

One thought on “Le christianisme et « les religions »

  • 17 mars 2014 at 5 h 45 min
    Permalink

    Il apparaît que certains passages de l’Exhortation apostolique du Pape François publiée en novembre 2013 (mais dans les tiroirs depuis juin 2013), Evangelii Gaudium, posent des problèmes. Or ces passages qui ont choqué les chrétiens d’Orient et aussi les chrétiens issus de la culture ou de la foi islamique ne sont pas du Pape.
    L’analyse textuelle montre indubitablement que la série de 4 groupes de paragraphes où ils se situent est le fruit de la rédaction de divers Dicastère romains, et que ces paragraphes ont été intégrés tels quels dans le texte de l’Exhortation (une Exhortation est un texte qui a beaucoup moins d’autorité qu’une Encyclique).
    En effet, par l’analyse textuelle, on peut attribuer sans nul doute :
    • au Conseil pontifical pour la culture les n° 242-243 consacrés aux rapports foi-raison – ce n’est pas le Pape mais le Conseil qui y fait de la pub pour le concept de « Parvis des Gentils », supposé offrir aux non croyants un espace de discussion ainsi que des « événements culturels » ; en fait, ces « événements » ont surtout été des bides, notamment en 2011 à Paris –;
    • au Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens les n° 244 à 249 consacrés à l’œcuménisme et aux relations avec le judaïsme ;
    • au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux les n° 250 à 254 relatifs à l’Islam ;
    • au secrétariat du Synode des Évêques les n° 255 à 257, très généraux.
    Les intertitres délimitent très bien les 4 ajouts. De plus le n° 258 suit très bien le 241 – qui, eux, sont bien du Pape.
    L’enjeu est important. L’idée que la grâce sanctifiante soit donnée sans rapport avec le baptême au cours de la vie terrestre est une thèse capitale de la « théologie des religions », et elle est enseignée depuis des années. Il est évidemment grave de la trouver au n° 254, sous la signature de notre Pape François, alors qu’elle est si contraire au Nouveau Testament. De même, il est c’est se moquer du peuple chrétien (surtout oriental) que d’écrire au n° 253 que « le véritable Islam… s’oppose à toute violence », et que les chrétiens demandent « à être accueillis » « dans les pays de tradition musulmane », alors qu’il y sont chez avant l’imposition de l’Islam ! Etc.: les contre-vérités ne manquent pas. Par ces paragraphes, l’Exhortation devient même absurde : si l’Evangile ne sert à rien, quelle joie (gaudium) y aurait-il à s’en soucier et à se donner de la peine pour lui ?
    À vrai dire, ce n’est pas la première fois que le Pape François se fait piéger par l’écrit ; Sandro Magister en avait donné des exemples déjà : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350668?fr=y.
    Sans doute devrait-il prendre des distances vis-à-vis de certains collaborateurs en place depuis longtemps ; il n’a pas fini de remettre de l’ordre au Vatican.

    Reply

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.