La frise de Kong Wang Shan en dessin (Chine)

Du livre « L’Apôtre Thomas et le Prince Ying »: le dessin de la frise.

_____Ces sculptures, situées dans l’enceinte de l’ancienne ville portuaire de Lianyungang, s’étalent sur 20 m de large ; elles sont parfaitement datées de l’an 69 (ou début 70) grâce aux archives impériales chinoises. Leur style trahit le travail de sculpteur venus de Mésopotamie (Irak, Iran). La seule interprétation qui fonctionne est celle qui donne à ses 107 personnes un rôle en rapport avec les trois années que l’Apôtre Thomas a passées en Chine (65-68) ; autrement, la frise est incompréhensible.

_____Les couleurs ajoutées au dessin (cliquer dessus) permettent de mieux retrouver les mêmes personnages aux divers endroits où ils sont représentés. De même, les trois cadres aident à mieux délimiter les trois ensembles scéniques de la frise (à « lire » de droite à gauche). À l’origine, tout était peint ; il est probable qu’une recherche microscopique des traces de peinture devrait permettre de se représenter l’effet visuel que la frise donnait à l’origine. C’est grâce au remarquable travail d’estampage réalisé par les archéologues chinois, que les détails sont apparus ; c’est un trésor inestimable que la République Populaire de Chine a pu ainsi redécouvrir et sauvegarder.

_____L’original de la carte se trouve inséré dans le livre de 300 photos que Pierre Perrier et toute une équipe ont travaillé durant des mois. On reconnaît la photo reproduite ici à droite  dans le deuxième cadre de la frise (au-dessus à droite) ; ce serait la première représentation connue de la « Mère du Fils de l’Homme » et de son enfant (pour reprendre la manière de s’exprimer du miroir à mantra trouvé à Xu Zhou et daté du IIIe siècle).

_____Quant au personnage situé très au-dessus de ce même cadre, il s’agit visiblement de l’une des représentations du Prince Ying, mais ajoutée quelques années plus tard (probablement autour de l’an 74, c’est-à-dire après sa mort ordonnée par son demi-frère, l’empereur Ming-Di – d’où probablement le symbole de la couronne qu’il tient en main). 

_____Il faut se rendre compte du fait que les chrétiens ont été rapidement nombreux en Asie, au long d’une histoire encore largement méconnue en Occident, et ont contribué notamment aux plus grandes périodes de gloire de l’Empire du Milieu. Cette incompréhension est principalement due à la coupure géographique intervenue entre le siège de l’Eglise d’Orient (à Séleucie-Ktésiphon, la capitale des Parthes) et Rome surtout à partir des invasions islamiques : l’Islam a empêché les contacts suivis entre l’Occident et l’Orient, et a isolé la Chine, qui avait mobilisé une armée pour soutenir l’Empire parthe – elle arriva trop tard.

_(cliquer)

_____Remarquons la présence d’un Evêché araméen à Lhassa, et aussi à Taprobane (Ceylan), ce qui est signalé entre autres par le navigateur Cosmas Indicopleustès (début VIe siècle) – il y mentionne aussi des Brahmanes et des « sophistes légers (ou nus) » (gymnosophistaï), mais il n’y indique pas la présence de Bouddhistes, ce qui est assez curieux pour une île qui est supposée être le centre de l’expansion du Bouddhisme depuis plusieurs siècles. En tout cas, il ressort des découvertes de nombreux vestiges archéologiques pointant vers l’évangélisation de la Chine par l’Apôtre Thomas (et cette frise n’en est que l’exemple le plus étonnant), que le bouddhisme est arrivé en Chine au moins 150 ans après le christianisme. La « religion » officielle (impériale) que St Thomas dut y rencontrer était celle de la sagesse confucéenne, axée sur le souci de l’harmonie céleste et sociale.

       Voir aussi L’apôtre Thomas et le christianisme en Asie, 2013 / télécharger le montage.

Un programme fabuleux : une sorte de googlemap de l’empire romain qui permet de calculer ses itinéraires (route, cheval, bateau…) pour voyager comme un apôtre au temps du Christ : http://orbis.stanford.edu !

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6 thoughts on “La frise de Kong Wang Shan en dessin (Chine)

  • 24 août 2013 at 14 h 06 min
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    Merci M Perrier pour votre ouvrage. J’ai posté un commentaire dans l’annonce de votre présentation au Colloque du 20 septembre 2013 dont j’espère pouvoir acheter les Actes Au plaisir de vous lire.

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  • 14 septembre 2014 at 0 h 50 min
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    bonjour! Il semblerait que le lien permettant d’agrandir la carte soit brisé… Pourriez-vous le rétablir? Merci!

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    • 14 septembre 2014 at 2 h 03 min
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      OK, c’est fait. Lors du passage au nouveau site, plusieurs liens ont été endommagés. Signalez-les nous !

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  • 27 février 2016 at 18 h 39 min
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    Nous serions très heureux d’apprendre les derniers développements dans la recherche (des chercheurs chinois et d’ailleurs) au sujet des débuts de l’annonce de l’Evangile dans la province de Chine que St Thomas parcourut pendant trois ans à partir de 68. Ce message s’adresse tout particulièrement à M. PERRIER. Toutes mes amitiés.

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  • 6 mars 2018 at 18 h 58 min
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    « Jésus nouveau-né sur Marie gisant apparu… » : pouvez-vous expliquer cette phrase? cela veut-il dire que la Vierge Marie n’a pas accouché par les voies naturelles, mais que Jésus est »sorti » d’elle miraculeusement (comme il y est apparu… par le fait de l’Esprit-Saint). Peut-on affirmer cela , en lien avec sa virginité avant, pendant et après la naissance?
    Quelle est, à votre avis, la représentation la plus vraisemblable de la nativité? Marie couchée (allongée comme sur les icônes ), ou à genoux, ou assise (trône de la Sagesse) présentant Jésus à l’adoration des Mages? Quelles sont les plus anciennes représentations en Orient, Ethiopie, ou Arménie, de la Nativité? Où se trouve Joseph, et dans quelle position?
    Comment les femmes juives, comme Marie, accouchaient-elles? A genoux, ou accroupies, ou allongées? Marie a-t-elle vécu cela, ou la naissance de Jésus est-elle sous une autre forme?
    Merci de vos précisions, et de votre travail qui rend si proche Jésus et ses apôtres, sa mère et Joseph! oui merci,
    soeur Sylvie

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    • 7 mars 2018 at 3 h 14 min
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      Il doit s’agir d’une phrase du livre, vous ne précisez pas.
      Les textes et traditions anciennes ne précisent pas la manière dont s’est passé l’accouchement.
      La représentation la plus ancienne de la Vierge Marie est assurément celle de Lianynungang, bien datée de l’an 69, et elle y est représentée en position d’accouchement selon le mode de l’époque au moins dans le monde parthe (et encore dans pas mal de régions d’Afrique aujourd’hui).
      Voyez à ce sujet d’autres articles d’EEChO qui concernent la Vierge Marie : cette position a donné celle, si curieuse dans la tradition chinoise, de la « déesse de la moséricorde » Guan Yin.

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